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Publication du '2014' 'juillet'

Embauche de personnes handicapées: l'exemple de PR Distribution
(Québec) PR Distribution n'organise pas de tournoi de golf pour soutenir un organisme de bienfaisance. Ses «bonnes oeuvres», l'entreprise les fait au quotidien en embauchant des personnes handicapées depuis un quart de siècle.

Voir l'article sur La Press.ca

La vice-présidente des opérations et de la gestion... (Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve)

La vice-présidente des opérations et de la gestion des ressources humaines, Claire Lord, et Emanuel Tremblay,

l'un des six personnes handicapées à l'emploi de PR Distribution.

 

«C'est ancré dans nos habitudes», témoigne Claire Lord, vice-présidente des opérations et de la gestion des ressources humaines de la compagnie de Québec spécialisée dans la distribution de fournitures industrielles.

 

«Nos parents nous ont inculqué qu'il fallait garder les bras ouverts pour aider ceux et celles qui en ont besoin et, surtout, accepter les différences.» La compagnie fondée en 1976 par Paul-Émile Lord et sa conjointe Rolande Lapointe - dont les guides sont maintenant tenus par leurs enfants Claire et Guy - compte dans ses rangs six personnes vivant avec des limitations. Annie, Emmanuel, Blaise, Marc, Stéphane et Alexandre sont autonomes et exercent des fonctions identiques à celles de camarades de travail ne présentant pas d'incapacité physique ou intellectuelle. Cinq d'entre elles occupent des postes au sein du département d'emballage. Une autre besogne à celui des ventes.

 

«Elles n'évoluent pas à part des autres employés. Elles sont intégrées aux différentes équipes de travail», explique Mme Lord en précisant que la présence des personnes handicapées apportait une «belle énergie» à l'entreprise d'une soixantaine d'employés. «À force de les côtoyer, nous apprenons à être plus tolérants. Il faut voir aussi la fierté des travailleurs à voir leurs collègues handicapés s'améliorer et prendre confiance en eux.»

PR Distribution n'est pas une entreprise adaptée. Elle n'a donc pas à s'adapter aux limitations ou aux particularités des travailleurs. Elle bénéficie, par contre, de l'aide du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) de Québec et de l'organisme La Croisée qui offre des services spécialisés d'aide à l'insertion à l'emploi.

 

«Nous tentons de faire ressortir les forces et les capacités de chaque personne», signale Claire Lord. Alexandre, par exemple, a la bosse des mathématiques. En plus de son poste à l'emballage, il est désigné pour mettre de l'ordre dans les formulaires d'expédition. «Avec lui, il n'y a jamais d'erreur!» fait-elle remarquer.

 

«Pour Emmanuel, l'informatique n'a pas de secret. Il s'occupe de l'étiquetage et de la détermination des codes-barres pour nos produits.»

Bien sûr, le gouvernement subventionne une partie des salaires versés par les entreprises aux personnes handicapées. «Nous n'ouvrons pas nos portes à ces travailleurs pour diminuer nos coûts», insiste Claire Lord. «Nous poursuivons tout simplement l'oeuvre de nos parents qui, bien avant que l'on parle d'entreprises adaptées, faisaient travailler jusqu'à 12 personnes handicapées dans l'entreprise.»

 

Discrimination systémique

Alors que la Semaine québécoise des personnes handicapées bat actuellement son plein, les entreprises sont encore réticentes à recourir aux services des personnes handicapées. Un sondage publié par BMO révélait que seulement 3 propriétaires de PME sur 10 avaient embauché des personnes handicapées en 2013, soit la même proportion que l'année précédente.

 

«En dépit des preuves attestant que les personnes handicapées sont plus instruites, plus engagées, plus productives et plus loyales à leur employeur que le reste de la population active, les propriétaires de PME continuent d'ignorer cette cohorte de personnes talentueuses dans leurs plans d'embauche», tranchait l'institution bancaire. Un constat partagé par Claude Séguin, directeur général du Comité d'adaptation de la main-d'oeuvre (CAMO) pour personnes handicapées.

 

«Sans vouloir culpabiliser les employeurs qui n'embauchent pas de personnes handicapées, je dois admettre qu'il existe encore des préjugés et de la méconnaissance à l'égard de cette clientèle. Les employeurs qui ne côtoient pas de personnes handicapées sont portés, a priori, à les percevoir à travers leurs limitations et leurs incapacités plutôt qu'à partir de leur potentiel ou de leurs compétences.»

Les employeurs ne peuvent plus plaider que les personnes handicapées sont insuffisamment instruites. Ces dernières ont amélioré leur formation au cours des dernières années et leur présence au cégep et à l'université augmente d'année en année.

Un diagnostic sur la formation des personnes handicapées publié en janvier dernier par le CAMO révèle qu'au niveau collégial, le nombre d'étudiants en situation de handicap avait augmenté de 80 % entre 2009 et 2011 et de 330 % de 1995 à 2007. Au niveau universitaire, la même tendance a été observée avec une hausse de 193 % de 2005 à 2012.

 

«À l'occasion d'un salon d'emploi que nous avions organisé, il y a quelques années à Montréal, exclusivement pour les personnes handicapées, plus de 40 % des 900 participants avaient un profil universitaire», note Claude Séguin.

Or, fait-il remarquer, le taux d'emploi des personnes handicapées ne s'améliore guère. «Au niveau universitaire, par exemple, pour un niveau de scolarité semblable, les personnes sans incapacité affichaient un taux d'emploi de 82 % alors qu'il était d'à peine 58 % du côté des personnes handicapées. Ça démontre qu'il existe encore une discrimination systémique en emploi par rapport aux personnes handicapées.»

Une bonne partie du boulot de Claude Séguin - et d'Isabelle Senneville, la directrice générale de La Croisée - consiste à rencontrer les employeurs pour essayer de briser les mythes entourant l'embauche de personnes handicapées. Ce n'est pas vrai qu'une personne handicapée va être moins productive. Ce n'est pas vrai qu'elles s'absenteront plus que la moyenne des travailleurs. Ce n'est pas vrai, non plus, que ça coûte un bras pour adapter un poste de travail.

 

«Les entreprises n'ont pas le luxe de se priver d'une main-d'oeuvre éduquée», martèle M. Séguin. Plus optimiste que son collègue, Isabelle Senneville croit que la transformation en cours du marché du travail et la rareté de main-d'oeuvre forcent les patrons à s'ouvrir sur d'autres horizons.

 

«Les entreprises sont encore craintives à l'idée d'embaucher des personnes handicapées», fait remarquer Claire Lord. «Elles pensent que ça demande beaucoup de démarches et de suivi. Que c'est un fardeau de plus. Laissez-moi vous dire que, bien souvent, la gestion du personnel n'affichant pas de limitation est pas mal plus difficile!»

 

Gilbert Leduc
Gilbert Leduc
Le Soleil